L'aventure de Magouric

Je ne peux séparer mon métier de producteur de l’existence de Magouric, puisque sur les 17 longs-métrages et la quarantaine de courts-métrages que j’ai eu l’occasion de produire ou de coproduire, la plupart l’ont été au sein de cette structure fondée en 1993 avec Agnès Obadia, Jean-Luc Gaget, Luc Pagès, Stéphane Ferret, Jean-Jacques Albert, Yannick Curty, Nicole Bénégui et Huguette Obadia..

J’ai dirigé cette petite structure de copains, devenue peu à peu une entreprise de productions, pendant près de quatorze ans, animé toujours de l’idée de faire exister à l’écran des œuvres qui témoignent de l’existence d’une voix . Quelle est la petite voix différente derrière qui s’exprime une œuvre ? Ce parcours a, du coup, regroupé des films aux tonalités très différentes. De l’autofiction dramatique de l’Arrière-Pays de Jacques Nolot au film de genre revisité par Xavier Durringer dans J’irai au paradis car l’enfer est ici, de la solitaire et fantasque Romaine d’Agnès Obadia aux films choraux tels que le Au Petit Marguery ou Mille Millièmes de Rémi Water House, des adolescents écervelés de Du Poil sous les roses aux jeunes adultes trop vite grandis de A Toute vitesse de Gaël Morel… il y a eu des adaptations de la littérature également avec J’ai tué Clémence Acéra de Jean-Luc Gaget, d’après Stephen Dixon ou A+ Pollux de Luc Pagès, d’après Philippe Jaenada, ou encore Les liens du sang de Jacques Maillot d’après le recueil de témoignage des frères Papet. Mais à chaque fois, il y avait, selon moi un vrai auteur de cinéma. Au total j’ai produit 9 premiers films sur 17. Je suis beaucoup battu pour défendre l’existence de ces films singuliers, parfois au dépend de ma propre création. Lors des années de production intense, j’écrivais peu. J’en ai retiré un grand plaisir, ayant le sentiment, à chaque financement bouclé, d’avoir gravi une montagne. Et puis, peu à peu, les cimes se sont trouvées trop hautes, ou les chemins plus escarpés… où avait-on moins envie de cette singularité ? Mon plaisir était moindre et j’ai décidé de rendre mon tablier de producteur, d’arrêter de diriger Magouric. En 2006, je suis donc revenu à mon travail d’écrivain et de cinéaste.

La production de courts-métrages à Magouric

Tout au long des 14 années pendant lesquelles j’ai dirigé Magouric Production, je n’ai eu cesse de produire des courts-métrages, seul, puis avec la collaboration de producteurs de courts, lorsque les long-métrages ont commencé à m’absorber régulièrement : Philippe Missonier, puis Laurence Berreur.

J’ai toujours vu le court comme un film à part entière, un exercice délicat car la concision empêche souvent l’épanouissement de personnages complexes. Il est au long métrage ce que la nouvelle est au roman. En 14 ans, près de cinquante de ces films courts ont été produits à Magouric, certains d’entre eux atteignant parfois des longueurs de 30 ou 40 minutes. Ces films ont obtenu près de 150 prix en France et à l’étranger, ils ont été diffusés sur toutes les chaînes de télévisons et certains ont bénéficié de sorties en vidéo ou regroupés dans des programmes dans des salles de cinéma.

Ce fut l’occasion de produire les vrais premiers films de bien des auteurs qui sont passés au long-métrage depuis, que ce soit à Magouric ou dans d’autres sociétés. C’est ainsi également que nous avons croisé le chemin de bien des comédiens, des auteurs et des techniciens débutants ou confirmés, mais qui tous ont eu l’occasion d’affirmer leur talent lors des tournages de ces œuvres, dans des conditions rarement faciles.

Réalisateurs produits à Magouric et qui sont passés au long-métrage : Alain Beigel, Joel Brisse, Stéphane Brizé, Jean-Marc Brondolo, Jean Luc Gaget, Olivier Jahan, Marc Gibaja, Jacques Maillot, Gael Morel, Agnès Obadia, Luc Pagès, Eric Véniard… (et d’autres à suivre)