Les femmes de la petite couronne
FICHE TECHNIQUE
> Date de création : 1993
> Editeur : Lansman
> Création : Maison du théatre et de la danse d’épinay sur Seine
> Mise en scène : Nadine Varoutsikos
RÉSUMÉ
Sur scène, un bus de la RATP, ligne de la Petite Couronne. Au volant du bus, Monsieur R… Depuis la fin de la guerre, il exerce ce métier dans la banlieue de Paris. Il a connu tous les modèles de bus, tous les horaires, toutes les lignes. Aujourd’hui, il prend sa retraite et mène, après un dernier trajet, son bus au dépôt. Puis il ramassera ses affaires personnelles dans le vestiaire, saluera chacun encore une fois et partira. Lors de cet ultime parcours, la silhouette d’une jeune femme apparaît au fond du bus. Croyant d’abord à une voyageuse égarée, Monsieur R. reconnaît bientôt la jeune femme qu’il avait tant aimée trente ans plus tôt, décédée quelque temps avant leur mariage. Doux fantôme des temps anciens, elle est revenue, ce jour, pour l’accompagner dans son dernier trajet. Les femmes portent l’avenir du monde et l’espoir dans leur ventre. Alors, en ce soir de départ, pour combattre la mélancolie, ce sont elles que la mémoire de Monsieur.R convoque. Au travers des ces vingt portraits de femmes qui ont toutes un jour pris le bus de Monsieur R, c’est aussi le portrait de la banlieue qui s’ébauche peu à peu, trente années de mutation du paysage de la société de la Petite Couronne.
Billet de l'auteur
En 1992 je suis contacté par Nadine Varoutsikos, directrice de la maison du théâtre et de la danse d’Epinay sur Seine. Elle souhaite monter la création d’un auteur contemporain et me propose de me passer commande d’un texte. Je suis ravi. Après l’expérience d’Impasse 14 j’ai très envie d’écrire à nouveau pour le théâtre. Seul bémol, Nadine dirige une école de comédie au sein du théâtre et souhaite faire jouer toutes ses élèves, femmes. La commande se précise : il me faudra écrire une pièce pour vingt femmes. Je demande si je peux ajouter un homme. Elle me l’accorde. Et me voilà parti à chercher un sujet pour vingt femmes et un homme. La situation du théâtre, en Seine Saint-Denis, la mixité des milieux sociaux au sein de son cours de comédie, l’émergence du phénomène banlieue, me poussent vers le sujet des « femmes de la petite couronne ». Un homme, conducteur de bus, qui n’a jamais conduit qu’en banlieue parisienne, au soir de son départ à la retraire, à l’occasion de son ultime retour au dépôt, voit se matérialiser successivement dans son bus les fantômes de vingt femmes qui ont traversé son véhicule et sa vie lors de ses quarante derniers années. Moyen d’esquisser une forme de portrait de la banlieue des années 50 à nos jours. J’écris la pièce en quelques mois et la regarde prendre forme lors des répétitions avec les élèves effectivement très douées de son cours de comédie. Je trouve qu’il est fabuleux pour un auteur de pouvoir assister à la naissance de son texte entre les lèvres des acteurs. Que dire alors de la félicité que ces lèvres soient nombreuses et féminines ? A sa création à Epinay la pièce est très bien accueillie, le texte en est édité par les éditions Lansman. Elle obtient plus tard le premier prix au festival francophone de Brno en République Tchèque, et est jouée régulièrement par des troupes en France.
En 2007 le théâtre du Strapontin remporte un Arlequin d’or avec la pièce, au festival des Arlequins à Cholet. Il reste que c’est une pièce difficile à monter, au vu de la distribution nécessaire.